🤖 31 millions d’euros perdus : un coup dur pour l’intelligence artificielle en Espagne?
🚨 German Rigau, directeur adjoint du Basque Research Center for Language Technologies et professeur à l’Université du Pays Basque, alerte sur une décision qui pourrait freiner la recherche en IA.
German Rigau Claramunt, directeur adjoint du Basque Research Center for Language Technologies et professeur à la Faculté d’informatique de l’Université du Pays Basque (UPV), est l’un des scientifiques à avoir exprimé leur indignation face à l’annulation des aides à la recherche par le Ministère de la Science. Ces aides, d’un montant total de 31 millions d’euros, auraient financé 15 projets et permis la création de 300 postes de chercheurs pendant deux ans.
Entretien avec German Rigau
Q : L’annulation des aides de 31 millions d’euros de fonds européens pour des projets interdisciplinaires d’IA dans les universités espagnoles est-elle due à de l’incompétence, une volonté politique ou de la mauvaise foi ?
German Rigau : Cela n’a pas été expliqué. La résolution mentionne :
"Dans le cadre de la procédure administrative, des circonstances imprévues sont survenues, rendant techniquement impossible la résolution de cet appel à projets."
Q : Combien de personnes sont directement affectées ? Combien de centres ou universités ? Combien de projets ?
GR : Nous n’avons pas de chiffres exacts, mais cela concerne environ 15 projets financés à hauteur de 2 millions d’euros chacun et près de 300 contrats de chercheurs sur deux ans.
Q : Quels étaient les domaines de recherche des projets concernés ?
GR : Les projets couvraient des domaines essentiels :
IA et défis théoriques/techniques : Compréhension des bases mathématiques et computationnelles de l’IA actuelle.
IA et cognition : Inspirée des progrès en sciences cognitives pour mieux comprendre l’intelligence naturelle.
IA et algorithmes avancés : Développement d’algorithmes robustes et explicables.
IA dans les systèmes physiques : IA embarquée pour améliorer la résilience, la sécurité et l’optimisation autonome.
Interactions humain-machine : Interfaces et environnements hybrides d’intelligence collective.
Défis sociaux et politiques : Impact de l’IA sur la démocratie et la gouvernance.
Impact environnemental : Algorithmes verts et IA durable.
Technologies linguistiques et quantiques : Applications avancées dans ces secteurs.
Nouvelles applications interdisciplinaires : Intégration de l’IA dans d’autres disciplines scientifiques.
Q : Pensez-vous que cette décision peut être annulée ?
GR : Nous l’espérons !
Q : Les récents changements ministériels (avec le PSOE et Podemos-Sumar) ont-ils influencé cette décision ou s’agit-il d’un problème purement bureaucratique ?
GR : Cet appel à projets relevait initialement du Ministère des Universités, qui a été intégré au Ministère actuel de la Science et de l’Innovation.
Q : Des instances européennes ont-elles été sollicitées ? Pensez-vous que ces 31 millions peuvent être sauvés ?
GR : Oui, nous avons bon espoir.
Q : Quel impact cette annulation pourrait-elle avoir sur l’image internationale de l’Espagne et sur la motivation des chercheurs nationaux ?
GR : Cette décision met en péril une opportunité unique de créer des dynamiques et des synergies entre différents groupes de recherche. Une grande attente et beaucoup d’espoir avaient été générés autour de ces projets.
Q : Certains avancent que ces fonds pourraient être redirigés vers la reconstruction des infrastructures endommagées par la tempête DANA dans la Communauté valencienne. Est-ce une excuse ?
GR : La reconstruction nécessite effectivement des ressources considérables, mais il n’est pas si simple de modifier des budgets alloués. De plus, cela requiert l’approbation de l’Europe.
Q : Si aucune solution n’est trouvée, quelles seront les conséquences pour la recherche en IA en Espagne ?
GR : Partout dans le monde, d’importants investissements sont réalisés dans l’IA, car cette technologie peut transformer tous les aspects de la société. Si nous ne finançons pas cette innovation, nous perdrons une part importante de notre souveraineté technologique.